Burundi: L’impact des inondations (effets El Niño) Flash Update No.2 (As of 24 mai 2024)
Ce Flash Update est élaboré par OCHA, en coordination avec les partenaires humanitaires et les autorités du Burundi. Il couvre la situation à la date du 24 mai 2024. La prochaine mise à jour sera produite dès la disponibilité des nouvelles informations.
FAITS SAILLANTS
• Le phénomène El Niño a occasionné des pluies torrentielles, des inondations, des glissements de terrain ainsi que le débordement du lac Tanganyika. Au 4 mai 2024 297 746 personnes ont été affectées (54% sont des femmes) et 47 739 personnes ont été contraintes au déplacement (56% sont des femmes), depuis le début de la saison des pluies en septembre 2023
• La majeure partie du pays a été affectée par les catastrophes naturelles sous l’influence d’El Niño, les Provinces de Bujumbura Mairie, de Bujumbura, Cibitoke, Bubanza, Rumonge, Makamba, Kirundo, Ngozi et la Mairie ont été les plus impactées
• La recrudescence des cas de choléra est enregistrée dans les zones affectées par les inondations
• Les partenaires humanitaires, en appui au Gouvernement du Burundi, ont apporté une assistance humanitaire aux populations affectées, y compris celles des zones inondées de Gatumba aujourd’hui installées dans le site de relocalisation transitoire de Mubimbi
• Les efforts de coordination de l’assistance continuent, 66 500 personnes ont été assistées mais les gaps à couvrir restent importants
• Le Fonds central de réponse aux urgences des Nations Unies (CERF), se prépare à allouer une enveloppe de 2,5 millions de dollars pour une réponse rapide aux personnes affectées par les inondations et la montée du Lac Tanganyika.
APERCU DE LA SITUATION
Depuis le début de la saison des pluies (septembre 2023) jusqu’à mai 2024, les pluies torrentielles, inondations, glissements de terrain et débordement du lac Tanganyika sous l’influence du phénomène El Niño ont affecté plus de 297 000 personnes (dont 54% de femmes).
Plus de 47 000 personnes (dont 56% de femmes), ont été contraintes au déplacement, contribuant à l’augmentation du déplacement interne de 39%, pour atteindre près de 80,000 personnes, dont 55% sont des femmes et des jeunes de moins de 18 ans. Ces catastrophes ont entraîné la destruction ou des dommages partiels sur 24 535 maisons, 220 salles de classes, 5 structures sanitaires, des routes, des réseaux hydrauliques et installations électriques selon les données de la DTM (Displacement Tracking Matrix) de l’OIM.
Pour l’année 2024 (janvier-mai), plus de 239 700 personnes ont été affectées et plus de 36 900 personnes ont été contraintes au déplacement par suite d’inondations. Comme corollaire des pics d’inondations de ces dernières semaines, 5 districts sanitaires (Bujumbura Nord, Bujumbura Centre, Bujumbura Sud, Kabezi et Isare) ont recensé une augmentation des cas de choléra, les plus importants en mairie de Bujumbura et dans le district Isare. Une comparaison faite entre les 20 premières semaines de 2023 et la même période de 2024, montre une augmentation des cas de choléra d’environ 10 % entres les deux périodes. Sur le cumul de 1 810 cas rapportés depuis le début de l’épidémie en janvier 2023, 3 Districts Sanitaires (DS) contribuent à 80% de cas enregistrés (Isare, DS Bujumbura Nord et DS Cibitoke).
Le secteur de la Sécurité alimentaire et moyens de subsistance (SAME) fait partie des secteurs les plus touchés en raison des dégâts sur les actifs productifs et non productifs des ménages. Les personnes vulnérables affectées et/ou déplacées se retrouvent avec des difficultés à accéder aux ressources alimentaires et revenus après les chocs. Ainsi, certaines personnes ont été affectées plus d’une fois pendant cette même saison des pluies. Les provinces de l’Ouest sur le littoral du lac Tanganyika (Cibitoke, Bubanza, Bujumbura, Bujumbura Mairie, Rumonge et Makamba) sont particulièrement affectées par les inondations et glissements de terrain. Cependant, les dégâts de pluies excessives et inondations, survenues à la fin du mois d’avril ont également affecté les provinces de Kirundo, Rutana et Ruyigi.
Le secteur Education n’a pas été épargné par les effets du phénomène El niño qui se sont combinés à des facteurs structurels notamment l’insuffisance et le sous-équipement des infrastructures scolaires. Les inondations survenues dans les localités de Gatumba, Buganda, Gihanga, Mpanda, Mutimbuzi, Rumonge Nyanza lac ont endommagé le matériel scolaire de plus de 14,700 écoliers et sur toute l’étendue du territoire du pays, plus de 200 salles de classe ont été inondées ou endommagées, certaines ayant été obligées de fermer momentanément suite aux dommages importants. Avec la récente décision du Gouvernement de délocaliser systématiquement la population des quartiers de Gatumba qui sont inondées, vers les sites de Mubimbi et Kabezi, une centaine d’écoliers ayant suivi leurs familles sont en train d’être accueillis et réinserés mais avec des difficultés dans les écoles environnantes du site de relocalisation. Aussi, les effectifs pléthoriques dans les classes et l’insuffisance du matériel didactique, risquent de perturber leur apprentissage. L’UNICEF est en train d’accélérer la mise en place d’une école mobile dans le site de Mubimbi pour permettre aux enfants de clôturer l’année scolaire.
Le secteur Abris/ANA compte parmi les besoins les plus urgents rapportés par les populations affectées et déplacées qui ont vu ces dernières semaines plus de 13 335 de leurs habitations inondées en sus des 11 200 maisons détruites et endommagées. Corolairement, les pertes en Articles Ménagers Essentiels continuent d’accentuer la vulnérabilité des ménages affectées face aux chocs présents.
La décision du Gouvernement du Burundi de relocaliser environs 2 000 ménages des quartiers inondées de la zone de Gatumba (Commune Mutimbuzi) vers les sites de Mubimbi et Kabezi est en train d’être exécutée, plus de 500 ménages ont été relocalisés vers le site de Mubimbi. Les efforts d’assistance pour accompagner le mouvement sont en cours mais les gaps persistent.
Dans les zones affectées, on estime à 70 380 le nombre de femmes en âge de procréer dont 9 319 femmes enceintes. Dans le domaine de la santé reproductive, la continuation de services, surtout de planification familiale ainsi que l’accès aux services de santé maternelle pour les femmes enceintes s’avère nécessaire. Des cliniques mobiles mise à disposition par le Ministère de la Santé et par les partenaires, permettent la continuité des traitements et le référencement de cas qui nécessitent des traitements dans les centres de santés ou dans les hôpitaux. Différentes évaluations des besoins et des audits de sécurité menés par l’UNFPA et les partenaires du Sous-Secteur VBG ont relevé l’existence de risques liés aux VBG pour les femmes et filles dans les sites temporaires établis pour accueillir la population déplacée.