HNRO 2025 : Près de 29 millions de Sahéliens ont besoin d'une aide vitale et de services de protection
Des vies sont en jeu si les humanitaires ne reçoivent pas les fonds nécessaires, prévient l'ONU
Dakar, 3 juin 2025 – Au Sahel, 28,7 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide humanitaire et de services de protection - des personnes qui ont été forcées de fuir leurs maisons, qui ne peuvent pas fournir à leurs familles de la nourriture ou de l'eau potable, qui ont perdu leurs proches et leurs moyens de subsistance, et qui n'ont pas accès à la protection et aux services sociaux les plus élémentaires. 1
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a publié aujourd'hui l'Aperçu des besoins humanitaires 2025 (HNRO) pour le Sahel, et prévient que des vies seront mises en danger si les humanitaires ne reçoivent pas les ressources nécessaires pour venir en aide aux personnes dans le besoin à travers la région.
Les besoins humanitaires, engendrés par un réseau complexe de crises interdépendantes, sont aggravées par l'instabilité, la violence, les conflits, l'insécurité croissante et les effets du changement climatique. Ces besoins sont principalement concentrés dans le Sahel central et le bassin du lac Tchad. Ce document analyse les crises en cours, leur impact sur les populations, et la nature de la réponse humanitaire requise. Les humanitaires lancent un appel de 4,3 milliards de dollars pour répondre aux besoins urgents de 18,4 millions de personnes au Burkina Faso, au Cameroun, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Tchad.
L'année dernière, plus de 16 800 personnes ont été tuées dans des incidents sécuritaires violents au Sahel. Cette violence généralisée a également conduit à la fermeture de plus de 9 900 écoles et de 922 centres de santé, limitant ainsi l'accès des populations à des services de santé et d'éducation essentiels. Entre juin et août 2025, 12,8 millions de personnes dans la région seront confrontées à l'insécurité alimentaire et 2,6 millions d'enfants souffriront de malnutrition aiguë sévère.
Ces crises entraînent une augmentation des déplacements, le Sahel abritant 2,1 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile et 5,9 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays - des chiffres qui ont augmenté respectivement de 6 % et 20 % depuis le début de l'année 2024. Beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises.
En outre, la crise du Sahel déborde des frontières régionales : on estime à 159 000 le nombre de réfugiés et de demandeurs d'asile vivant dans le nord du Bénin, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Togo, et à plus de 169 000 le nombre de réfugiés enregistrés dans le sud-est de la Mauritanie. Trop souvent, ce sont les plus vulnérables - notamment les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant des besoins spécifiques - qui subissent le plus de souffrances.
« Dans le Sahel, des millions de femmes, d'enfants et d'hommes vulnérables ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Les travailleurs humanitaires sauvent des vies et réduisent les souffrances au quotidien, souvent dans des circonstances complexes et difficiles, grâce aux généreuses contributions des donateurs. Mais sans financement suffisant, ce sont les personnes dans le besoin qui en paieront le prix fort. Dans un contexte de crise financière croissante, nous devons nous rappeler qu'il ne s'agit pas d'équilibrer un livre de comptes, mais de sauver des vies humaines », a averti Charles Bernimolin, Chef du bureau régional d'OCHA. « Si nous n'agissons pas maintenant, des vies seront perdues, les vulnérabilités s’aggraveront, la résilience s’érodera et les crises risqueront de s’étendre. La région a besoin d'une réponse humanitaire convenablement financée, complétée par des solutions durables à long terme. J’en appelle à la générosité de tous les donateurs. »
En 2024, les partenaires humanitaires ont fourni une aide vitale et des services de protection à 12,4 millions de personnes. Toutefois, des millions d’autres sont restées sans assistance faute de financement. Au 26 mai 2025, seuls 8 % des besoins de financement des plans de réponse humanitaire par pays pour 2025 avaient été couverts.