RD Congo : Situation humanitaire dans la province du Sud-Kivu (1er au 31 octobre 2024)

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Ce rapport est produit par OCHA RDC en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 31 octobre 2024.

FAITS MAJEURS

• Plus de 1 600 cas de violations et abus des droits de l’homme rapportés en octobre

• Environ 15 000 personnes ont perdu leurs maisons à la suite de pluies orageuses

• Plus de 159 000 personnes ont reçu une assistance alimentaire au Sud-Kivu en octobre

APERÇU DE LA SITUATION

Le contexte général dans la province du Sud Kivu a été marqué par l’activisme des groupes armés, des affrontements entre groupes armés et des affrontements entre les Forces armées congolaises (FARDC) et des groupes armés. Des aléas climatiques survenus dans les territoires de Kalehe, Kabare, Shabunda, Walungu, Mwenga, Uvira et Fizi ont entrainé des mouvements de population. En d’octobre, 1 617 cas de violations et abus des droits humains ont été documentés par les acteurs de protection. On y dénombre 81 cas d’enfants recrutés par des groupes armés et un déplacement de population estimé à plus de 77 000 personnes.

Territoire de Kalehe

Au cours de ce mois d’octobre, on a observé une recrudescence des incidents de protection, ce qui est un indice de détérioration de la situation sécuritaire. Il a été aussi rapporté le naufrage d’un bateau sur le lac Kivu et l’interruption du trafic sur la Route Nationale numéro 21 (RN21).

Dans le territoire de Kalehe, les partenaires humanitaires ont documenté plus de 628 incidents de protection et plusieurs autres incidents sécuritaires ayant affecté les populations civiles. Il s’agit, entre autres, de cas d’arrestations arbitraires, de tortures graves pour obliger les victimes à payer de lourdes amendes, des fusillades de civils et de vols de bétail dans les zones contrôlées par des groupes armés. Au cours des deux dernières semaines d’octobre, plus de 20 familles du village Kalungu ont été cambriolées, dans zone de santé de Minova. Quatre cas de meurtre ont été enregistrés du 15 au 19 octobre autour de plusieurs localités de Minova, Selon les données de la Commission Mouvements de Population (CMP), le Sud-Kivu a enregistré 26 470 nouveaux déplacés pour le mois d’octobre. En outre, depuis le 08 octobre, des éboulements causés par des pluies torrentielles sur la Route Nationale numéro 2 (RN 2) ont causé une interruption du trafic routier sur l’axe Nyabibwe – Kinyezire. Les opérations humanitaires sont perturbées dans la zone de santé de Minova et environs à cause de cette interruption du trafic sur la RN2.

Territoire de Kabare

La situation sécuritaire est restée précaire dans le groupement de Luhago (zone de santé de Kaniola). Environ 8 160 personnes déplacées sont coupées de toute assistance humanitaire. L’accès aux champs et moyens de subsistance est presqu’impossibles pour les populations locales à cause de l’insécurité. Des sources humanitaires rapportent que ces personnes déplacées ont besoin d’une assistance urgente en abris, articles ménagers essentiels, eau, hygiène et assainissement, sécurité alimentaire et protection. Les personnes déplacées seraient venues des villages de Cirambo, Cironge et Mupoke à la suite d’une incursion par les éléments d’un groupe armé. Ces derniers accuseraient les habitants de ces villages de collaborer avec des groupes armés rivaux. Cette zone de santé abrite plus de 13 700 personnes déplacées qui sont installées dans les aires de santé de Mudhiri et Budede (villages de Cega, Cimbulungu, Kahya, Kalongo, Cibanda, Cisaza, Mudirhi).

Territoire de Shabunda

La situation sécuritaire continue de se détériorer dans la zone de santé de Mulungu. Le 04 octobre, plus d’une dizaine de civils ont été enlevés par des éléments armés dans la forêt entre les villages Idinga et Nzibi (aire de santé de Nzovu). Cet incident a obligé près de 2 500 personnes à fuir des villages Idinga et Nzibi pour se réfugier dans la brousse.

Territoire de Mwenga

Entre le 12 et le 24 octobre, l’intensification des affrontements entre les groupes armés dans le secteur d’Itombwe a occasionné le déplacement de plus de 6 200 personnes vers les villages de Tumungu, Kiseke, Abelungwa, Tabunde et Asembwa. Ces personnes déplacées vivent dans des conditions précarité au sein des familles d’accueil. Le 20 octobre, au moins sept civils ont péri dans le village d’Abelungwa. Le 27 octobre, dans la zone de santé de Mwana, environ 9 000 personnes ont fui le groupement de Cigogo à la suite d’affrontements entre deux groupes armés locaux. Ces personnes accueillies dans les villages Cizuka I, II, III et IV, ont besoin d’une assistance urgente en abris, articles ménagers essentiels, sécurité Alimentaire, eau, hygiène et assainissement.

Territoire d’Uvira

L’insécurité grandissante et des pluies diluviennes ont fortement marqué le territoire d’Uvira au cours du mois octobre. Le 5 octobre, un homme âgé de la soixantaine a été enlevé par des individus armés dans le quartier Kabindula. Cela a provoqué une vive inquiétude parmi les habitants. La société civile locale a appelé les autorités à renforcer la protection des civils.

Le 30 octobre, des pluies diluviennes survenues dans la cité de Sange et dans et dans plus d’une dizaine d’aires de santéi ont détruit au moins 2 300 maisons, faisant environ 15 000 personnes sans abri et plusieurs blessées, selon des sources locales. Les personnes sinistrées sont logées par des familles d’accueil et dans des espaces publics. Aucune assistance n’a encore été apportée aux sinistrées. Des acteurs humanitaires estiment que besoins les plus pressant sont les abris, vivres, articles ménagers essentiels, soins de santé et la protection.

Dans la zone de santé de Ruzizi, des pluies diluviennes survenues le 1er octobre ont détruit plus de 24 maisons et une école primaire. Des dizaines de familles ont perdu leurs maisons et les activités scolaires ont été suspendues dans les villages de Rusabagi et Nyamae.

Territoire de Fizi

En octobre, plus de 84 incidents de sécurité et de protection ont été signalés dans le territoire de Fizi. Parmi ces violations, on note des cambriolages, des viols massifs et l’utilisation d’enfants aux barrages illégaux. Le 8 octobre, un viol collectif de femmes revenant du marché a eu lieu à Bengechibwa, dans l’aire de santé de Mukera. Les victimes ont refusé de recevoir des soins médicaux, craignant la stigmatisation.

Le 27 octobre, à Minembwe, six femmes ont été violées par des hommes armés alors qu’elles rentraient de l’église. Elles n'ont pas dénoncé les agresseurs, de peur d'être ostracisées.

De plus, plusieurs barrages illégaux tenus par des groupes armés sur la RN5 dans le groupement de Babungwe Nord continuent de limiter la circulation et la sécurité des populations dans la zone de santé de Nundu.