Haïti : Inondations dans les départements du Nord, Nord-Ouest, Grand’Anse et Sud - Rapport de situation No. 1 (au 14 décembre 2024)
Ce rapport est produit avec le support du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) en collaboration avec les partenaires humanitaires présents dans le département du Sud et avec les données officielles des autorités départementales. Une mise à jour sera faite en fonction de l’évolution de la situation.
APERÇU DE LA SITUATION
- Depuis le 30 novembre, date marquant officiellement la fin de la saison cyclonique dans l’Atlantique Nord, des pluies diluviennes se sont abattues sur les départements du Nord, du Nord-Ouest, de la Grand’Anse et du Sud, provoquant des inondations et des glissements de terrain.
- Selon les données disponibles, les incidents auraient fait au moins 10 morts, 6 disparus et 25 blessés, tandis qu’environ 31 000 familles auraient été affectées par l’inondation de leur logement.
- Selon l’Organisation panaméricaine de la santé/Organisation mondiale de la santé (OPS/OMS), le bilan partiel n’indique, à ce jour, aucun dommage au système de santé, notamment aux infrastructures, à la chaîne du froid, aux vaccins et aux médicaments.
- Les partenaires humanitaires apportent leur soutien aux autorités qui gèrent la réponse dans les départements affectés.
- Grâce au support de Catholic Relief Services (CRS) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une évaluation des besoins sera conduite à partir de la semaine du 16 décembre dans le département du Sud. L’analyse de ces besoins devrait aboutir à la formulation des recommandations pour des interventions à moyens et à long terme pour faire face à l’impact de ces intempéries. L’OIM appui l’exercice d’évaluation des dégâts et l’analyse des besoins que la Direction départementale de la protection civile de la Grand’Anse est en train de mettre en œuvre.
Contexte général
À partir de fin novembre, de fortes pluies et autres intempéries ont frappé plusieurs départements du Grand Nord et du Grand Sud du pays. Entre les deux dernières semaines de la saison cyclonique et la première semaine de décembre, le Grand Sud a enregistré des averses intenses : dans le département du Sud, du 10 au 12 novembre 2024 ; dans le département de la Grand’Anse, les 30 novembre et 4 décembre 2024 ; et dans le Nord/Nord-Ouest, du 2 au 8 décembre. Bien qu’elles n’aient pas atteint l’intensité d’ouragans ou de tempêtes tropicales, ces intempéries ont causé la mort d’au moins 10 personnes, inondé plus de 31 000 habitations, endommagé de nombreuses routes et pistes agricoles, et ravagé des cultures. Dans le département de la Grand’Anse, plus de 6 000 producteurs agricoles et 500 éleveurs ont été affectés, tandis que des canaux d’irrigation ont été obstrués, notamment dans le Nord et le département du Sud.
Dans ce contexte, les agences des Nations Unies, ainsi que des organisations non gouvernementales internationales et locales, collaborent avec les structures départementales de la protection civile pour apporter une première réponse aux sinistrés. Elles conduisent des évaluations des dégâts et analysent les besoins afin d’apporter un soutien adapté aux victimes et aux communautés affectées par cette situation.
La saison cyclonique 2024, qui a officiellement débuté le 1er juin et s'est terminée le 30 novembre, a épargné Haïti, notamment le Grand Sud, particulièrement exposé aux ouragans. Cependant, plusieurs facteurs continuent de fragiliser la région : la présence de centaines de milliers de personnes déplacées vivant chez des familles d’accueil, une économie étouffée par les difficultés de circulation des biens entre la région et Port-au-Prince en raison de la violence des groupes armés, les effets résiduels de l’ouragan Matthew en 2016 et du séisme du 21 août 2021, ainsi que des troubles politiques récurrents. Dans ce contexte, le passage d’un ouragan ou d’un autre désastre naturel aurait considérablement affaibli la résilience déjà mise à rude épreuve des populations du Grand Sud. Les départements du nord, qui accueillent toujours plus de personnes déplacées par la violence dans d’autres régions, présente aussi de nombreuses vulnérabilités face à de possibles chocs climatiques.